La révolte en centre Bretagne va trouver un chef dans un notaire issu des classes populaires : Sébastien le Balp2,7 Volonté législative et réformatriceLes revendications des Bonnets rouges, tout autant antifiscales que politiques, sont exprimées par huit textes appelés Code paysan ou « code pesovat » (ar pezh zo vat : ce qui est bon) qui montrent une volonté législative et réformatrice du mouvement des Bonnets rouges8. Ces codes sont bien écrits non pas en breton mais en francais et selon une forme juridique. Or Le notaire Le Balp a étudié le droit à Nantes... Parmi les revendications, on note :
la révolte est aussi, et surtout antiseigneurialeFaits d'armes et actes de révolte des Bonnets rougesDans une lettre du duc de Chaulnes
à Colbert : "La campagne
s’agite Monseigneur, tout va très vite. Il ne
s’agit plus de tabac. Les paysans sont attroupés
en quelques lieux autour de Quimper
Corentin. La ville est
menacée. Paraît-il, leur colère est
plus tournée vers les gentils Hommes que vers
l’autorité du Roi. Il est certain que la noblesse
a traité fort durement leurs paysans. Ils ont rendu
à quelques uns les coups de bâton
qu’ils en avaient reçus. Ils ont exercé
envers 5 ou 6 de grandes barbaries. Ils ont pillé leur
maison et incendié quelques unes. Au manoir de
Cosquer en Combrite,
M. de Kersalaun ne s’en remettra point." Un des bourgeois de Carhaix témoigne que Sébastien Le Balp s'était "acquis une telle réputation parmi les paysans révoltés [...] qu'il s'était fait passer pour le chef, que lesdits révoltés suivaient entièrement ses ordres pour sonner les tocsins, pour s'attrouper et s'assembler où il voulait, que pendant la sédition, il a été le premier en tête, à tous les incendies, pillages et désordres"2. Le 9 juin 1675, à Châteaulin, des paysans en armes s’en prennent au marquis de La Coste, lieutenant du roi pour la Basse Bretagne, venu maintenir l’ordre et faire exécuter les nouveaux édits sur le tabac et le papier timbré qui servait à rédiger les actes notariés. Dans trente paroisses des alentours le tocsin retentit pour appeler à la rébellion2. Le samedi 6 juillet, un groupe de paysans et d’artisans conduits par Sébastien Le Balp, attaque la résidence de Claude Sauvan, fermier des devoirs à Carhaix (collecteur d’impôts). Au cours de l’expédition, un commis est tué, les bureaux sont dévastés, des tonneaux sont défoncés, la vaisselle, les meubles et la recette sont emportés, puis la maison est incendiée. De Gonville, commissaire des guerres, écrit à Louvois, ministre des armées : "Il n'y a, Monseigneur, nulle sûreté par la campagne, il n'y a que les plus proches de Brest où le calme est"2. Le duc de Chaulnes, en attendant les renforts, quitte Rennes et se réfugie à Port Louis (56) 2. Le 11 juillet 1675, ils sont près de 6000 insurgés dans la région de Saint-Hernin et Kergloff à prendre d’assaut et bruler le château du Seigneur Toussaint de Trévigy, connu pour sa dureté contre les paysans2. Position ambigüe des MontgaillardLe comte de Boiséan, gouverneur de Morlaix, ne s'y trompe pas en écrivant, le 26 juillet, au marquis de Montgaillard : "Je crois que s'y pouviez gagner leur chef ou lui faire couper la gorge, tout ce parti se réduirait en fumée". Le marquis de Montgaillard qui entretient des rapports ambigus avec les insurgés, était en effet arrivé à les dissuader de marcher sur Morlaix (aidé par marquis de Névet le 25 juillet 22-a). Certes, une nouvelle ville serait à nouveau ralliée aux Bonnets rouges, mais en fragilisant la défense du port de Morlaix la marine "hollandaise" pourrait accoster, la lutte anti-fiscale et antiseigneuriale deviendrait une lutte ouverte contre le roi qui était en guerre contre les "hollandais". Le Balp ne prit pas la décision de marcher sur Morlaix27. Attention, de nombreux écrits indiquent que Le Balp avait conçu le projet de s'emparer de Morlaix pour favoriser la venue des hollandais dont la flotte, sous le commandement de l'amiral De Ruyter, croisait sur les côtes, et qu'à la fin de la révolte, certains insurgés se seraient échappés sur les navires hollandais. Or la flotte hollandaise, depuis son entrée dans la Manche n'a pas perdu de vue les côtes anglaises et, d'après les archives du gouvernement hollandais, rien ne fait soupçonner de la part de l'amiral, la moindre intention de prêter main-forte à Le Balp, soit à Morlaix, soit dans un autre port breton, d'autant que la flotte n'en était encore qu'au pas de Calais le 31 août et elle a mouillé devant Douvres (2-5 septembre)23-a. (il n'y a donc pas non plus concordance des dates).Néanmoins, Sébastien Le Balp ne rompt pas ses relations avec le marquis de Montgaillard. En effet, les insurgés savent que des troupes royales sont en route pour la Bretagne. Pour avoir une influence sur le roi et éventuellement résister aux troupes royales, il est évident qu’il faut un homme apprécié du roi et un professionnel de la guerre2. Or Charles de Percin, marquis de Montgaillard, fut Colonel du régiment de Champagne et officier des Mousquetaires du roi6. Le roi l'a remercié le 28 mars 1671 en élevant les Montgaillard au rang de marquis. De plus, Charles de Percin n'était pas hostile aux revendications des révoltés5 qui contestaient les nouveaux impôts, notamment une nouvelle taxe sur les papiers timbrés et Sébastien Le Balp, leur chef, avait été le notaire de son épouse Renée-Mauricette de Ploeuc, marquise du Tymeur5. Le Balp espérait convaincre le marquis Charles de Montgaillard de plaider leur cause auprès du roi et de les conseiller militairement pour résister aux troupes royales demandées par le duc de Chaulnes4,12. Sébastien Le Balp est tué au château de Tymeur à PoullaouenArrivé au manoir du Tymeur le 2 semptembre 1675 au soir, avec 2000 hommes, Sébastien Le Balp s'isole pour s'entretenir avec les marquis Charles et Claude de Montgaillard et tenter de les rallier à leur cause2,4. Laissant les marquis au manoir, Le Balp rejoint ses hommes et fait sonner le tocsin. 30 000 hommes se mettent en marche dans le but de se regrouper le soir du 3 septembre à Poullaouen. Le Balp compte ensuite marcher sur Carhaix et Quimper, puis s'il le faut, affronter les troupes du duc de Chaulnes qui venaient d’être envoyées en Bretagne pour mater la rebellion2. Le Balp revient au manoir du Tymeur dans la nuit du 2 au 3 septembre 1675. Mais le frère ainé de Charles, Claude de Montgaillard, fidèle au roi Louis XIV qui l’a fait marquis quatre ans plus tôt (1671), tue par surprise Sébastien Le Balp d'un coup d'épée à travers le corps. Les marquis de Montgaillard parviennent ensuite à s'enfuir du manoir en semant la confusion chez les Bonnets rouges décontenancés par la mort de leur meneur.2,4,12,5 En représailles du meutre de Le Balp, le manoir du Tymeur en Poullaouen et ses archives sont pillés et en partie brulés 2,4,12,5. Privé de leur chef, les 30 000 hommes qui se concentraient à Poullaouen selon le plan prévu, se dispersent4... Dans le même temps, les troupes qu'attendait le duc de Chaulnes arrivent en Bretagne. Le 1 er septembre, elles sont à Quimper, du 4 au 18 septembre dans le Poher, fief de Le Balp, le 20 septembre à Morlaix, le 12 octobre, elles rentrent dans Rennes. En l'absence de rébellion organisée, les troupes royales ne se voient opposer que peu de résistance. Pour les habitants des paroisses et des villes qui s'étaient révoltées, en revanche, c'est le début d'une longue répression par les troupes royales2. Bibliographie
Notes et références
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