Papier timbré lors de la révolte des Bonnets rouges.
Le bien connu chant de la révolte...
qui se termine par :

"Du temps de la duchesse Anne,
on ne nous traitait pas ainsi !"

Je vous propose la traduction française
(deux versions)
de la version bretonne en-dessous.

Début de la révolte des Bonnets rouges
Ces paroles de chansons ont été transmises en 1850 au Congrès breton de Morlaix. Elles semblent authentiques parce-qu'elles ont été recueillies "directement de la bouche des paysans, dans le pays de Tréguier, par un homme dont la sincérité et la compétence en telles matières sont inattaquables, feu M. J. de Penguern, qui nous a souvent certifié à nous-mêmes l'origine authentique de cette pièce. Qu'elle puisse avoir été retouchée depuis 1675, non par M. de Penguern assurément, mais bien avant lui par certains cloarecs qui avaient lu Mme de Sévigné, cela est possible"8-a. (On parle de Kerambrun comme un des auteurs...)

la Ronde du papier timbré
Traduction A


la Ronde du papier timbré

Que se passe-t-il en Bretagne ?
Quantité de bruit et de fumée.

Le grand cheval boiteux du roi
A été ferré, il y a quelques jours

Il emmène en Basse-Bretagne
Le papier timbré et le sceau.

Le roi de France a six capitaines
Pour chevaucher sa haquenée



Deux sur la selle, deux sur le cou,
Et deux autres sur l'extrémité de la croupe.


L'armée française est bien légère !
Moins de cent livres sur nos balances !



Le premier porte le drapeau
Et la fleur de lys du poltron.

Le second porte une épée rouillée
Qui ne ferait pas de mal à une mouche.

Le troisième égratigne la bête hideuse
Avec des éperons de paille.

Le quatrième porte deux plumes :
Une plume sur son chapeau

Sur son chapeau de capitaine,
Une autre derrière l'oreille.

Le cinquième garde les ingrédients :
Le papier timbré et une bourse vide

Car la bourse du roi
Est profonde comme la mer,

Comme l'enfer toujours ouvert.
Le dernier des six capitaines

Est vêtu comme un postillon.
Comme le harnachement royal est beau !

Belle noblesse ! Belle armée !
Quand ils arrivèrent dans notre pays

En apportant le papier timbré,
Ils étaient vêtus de guenilles

Et maigres comme les feuilles mortes.
Ils avaient des longs nez, avaient les yeux écarquillés

Les joues blanches et nues,
Les jambes comme des échalas,

Les genoux comme des têtes de biche !
A peine étaient-ils installés

Que ces six messieurs avaient bien changé :
Riches vêtements de velours,

Bas de soie, hommes tous brodés.
Nos six croquants portaient

De belles épées
à pommeau d'ivoire
Après être resté quelques temps,

Leur mine avait bien changé :
Visages pleins et nez vineux

Yeux rieurs,
Ventre épais
comme des barriques :

Ainsi étaient nos six huissiers,

Pour les porter jusqu'à Rennes,


On creva six chevaux de trait

Avant qu'ils ne viennent

Apporter le papier timbré dans notre région

Jean Kouer vivait aux champs,

Heureux et tranquille.

Quand ils revinrent chez eux,

Notre région était ruinée.

Nos bourses s'étaient vidées

Pour remplir ces gars.

Mes amis, ce que disent les vieux est vrai :

Du temps de la duchesse Anne,
on ne nous traitait pas ainsi !

la Ronde du papier timbré
Traduction B8-b


la Ronde du papier timbré

Qu’elle nouvelle en Bretagne?...
Que de bruit! que de fumée!

Le cheval du roi, quoique boiteux,
vient d’être ferré de neuf;

Il va porter en Basse-Bretagne
le papier timbré et les scellés.

Le roi de France a six capitaines,
bons gentilshommes, gens de grande noblesse;

Le roi de France a six capitaines
pour monter sa haquenée.

Deux sont en selle, deux sur le cou,
les deux autres sur le bout de la croupe.

Légère armée qu’a le roi de France!
Dans notre balance, elle ne pèsera pas cent livres!

Le premier porte le pavillon
et la fleur de lis du poltron;

Le second tient une épée rouillée
qui ne fera grand mal à personne;

Le troisième a des éperons de paille
pour égratigner la sale bête;

Le quatrième porte deux plumes,
l’une sur son chapeau de capitaine;

L’une sur son chapeau de capitaine
et l’autre derrière l’oreille.

Avec le cinquième viennent les herbes de malheur :
le papier timbré, la bourse vide,

La bourse du roi,
profonde comme la mer,

comme l’enfer toujours béante!
Enfin le dernier tient la queue

et conduit le cheval en poste.
Quel équipage a le roi !


Quelle noblesse! quelle armée !
Or, à leur première arrivée,

avec leur timbre, en ce pays,
Ils étaient vêtus de haillons et maigres

comme des feuilles sèches;
Nez longs, grands yeux, joues pâles et décharnées ;

Leurs jambes étaient des bâtons de barrières,
et leurs genoux des nœuds de fagots;

Mais ils ne furent pas longtemps au pays
qu’ils ne changèrent, nos six messieurs;

Habits de velours à passementeries,
bas de soie et brodés encore!

Nos six croquans s’étaient même acheté
chacun une épée à garde d’ivoire.

En bien peu de temps, dans nos cantons,
ils avaient changé de manière d’être.

Face arrondie, trogne avinée,
petits yeux vifs et égrillards,

Ventres larges comme des tonneaux,
voilà le portrait de nos six huissiers :

Pour les transporter jusqu’à Rennes,
on creva six chevaux de limon !

Lors de leur arrivée première,
avec leur timbre, en ce pays,

Jean le paysan vivait aux champs
tout doucement, bien tranquille, à l’aise.

Avant qu’ils s’en retournassent chez eux,
il y avait eu du trouble dans nos quartiers;

Il en avait coûté à nos bourses
de faire requinquer ces gaillards!

Mes amis, si ce n’est pas faux ce que racontent les vieillards,
Du temps de la duchesse Anne,
on ne nous traitait pas ainsi !

Le texte de la ronde du papier timbré en breton


Ar paper timbr

Petra nevez 'zo en breizh?
Trouz ha moged 'zo a -leiz
Marc'h ar Roue, hag eññ kamm,

'Zo houarnet a nevez flamm,
A ya da gas en Breizh-Izel

Ar Paper Timbr hag ar Siell.
C'hwec'h kabiten 'n deus Roue Frañs,

Tudjentil vras, tud a noblañs,
C'hwec'h kabiten 'n deus ar Roue

Da lakaat ware inkane.
Daou war an dibr, daou war ar goug,

Ha daou all tost da benn e chouk.
Skañvañ arme 'n deus Roue Frañs

'Bouezo ket kant lur 'n hon valañs.
'R c'hentañ 'nezhe 'zoug pavilhon

Ha flourdilizenn ar poltron;
An eil 'n deus ur c'hleze merglet

Ha na ray droug da zen ebet;
An trede 'n deus ur e c'hentroù plouz

Evit krafignat al loen lous;
Ar pevare 'n deus diw bluenn,

Unan war e dok kabiten,
Unan war e dok kabiten

Hag un all e-drek e skouarn;
Gant ar pempvet 'mañ 'n drouk-louzou,

Ar Paper-Timbr,ar yalc'h c'houllo,
Yalc'h ar Roue, don 'vel ar mor

'Vel an Ifern bepred digor!
An diwezhañ, krog 'barzh al lost,

A zo konduer ar marc'h post.
Pebezh harnez 'n deus ar Roue!

Pebezh noblañs, pebezh arme!
Na pa errujont da gentañ

Gant Paper timbret er vro-mañ
E oant kempennet gant truilhou

Ha treut evel ar c'hoazh deliou.
O fri 'oa hir, o lagad bras,

O diwjod gwenn ha kazi noazh;
O diwac'har a oa bizhier kloued,

Hag o daoulin skoulmou keuned.
Met ne oant ket bet pell er vro

Ma oa chenchet hon c'hwec'h aotrou:
Chupenn voulouz pasamantet,

Loeroiou seiz, hag i brodet!
Pep a gleze troad olifant

'Devoa prenet hon c'hwech krokant.
E berr amzer en hon c'hanton

Na chenchet e oa o feson!
Bizaj ledan, fri d'ar gwin,

Daoulagad bihan ha lirzhin,
Kofou kement hag un donell,

Setu poltred hon c'hwec'h urcher.
Evit o dougen da Roazhon

E voe brevet c'hwec'h marc'h limon.
Na pa errujuont da gentañ

Gant paper timnbret er vro-mañ,
Yann KOUER a veve war ar maez,

Dousik ha sioul, en e aez.
War-benn ma retornjont d'ar gêr

E oa bet trubuilh 'n hon c'harter,
Ker e oa d'hon yilc'hier kousket

Ober kalfetiñ hon paotred!
Ma mignoned, nen eo ket faos

Ar pezh a lavar ar re gozh:
En amzer an Dugez Annañ
Ne oa ket graet dimp er giz-mañ!



Papier timbré lors de la révolte des Bonnets rouges.

Exemple de Papier timbré

Exemple 1 Exemple 2 Exemple 3 Exemple 4










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Début de la révolte des Bonnets rouges