à ses capitaines comme rendez-vous prochain l'anse de « Dootmanshooft
», à l'est de Falmouth. Les 13-14 septembre on le trouve
doublant le « Goutstaert », nom donné par les navigateurs et
les cartographes néerlandais à Startpoint, la pointe de Devon.
Le 19 septembre enfin, il est entré dans l'Atlantique. De Ruyter
était pressé d'arriver au rendez-vous avec les forces espagnoles
dans la Méditerranée, et avec l'Ankou[...]
Du moment que la flotte hollandaise
était entrée
dans la Manche, elle n'a pas perdu de vue les côtes
anglaises, et rien ne fait soupçonner de la part de l'amiral
la moindre intention de prêter main-forte à Le
Balp, soit à Morlaix, soit dans un autre port breton."23-a
L'amiral a d'autant moins de raison de faire arrêt en Bretagne que son donneur d'ordre, le prince d'Orange, qui dans de
nombreuse lettres au début août avait l'intension
d'envoyer le sir Poulet en Bretagne (voir le premier paragraphe) s'est
ravisé le 19 août, et quand la flotte
entra dans la
Manche, il était déjà
arrêté que les révoltés
seraient abandonnés
à leur sort
23-a.
Le 24 août enfin De Ruyter reçoit devant
Blankenberghe la
dépêche du Stadhouder Guillaume
III,
expédiée le 19 du camp de Lembeek qui lui indique
de ne
pas attendre l'émissaire à destination de la
Bretagne
et de se rendre au plus vite rejoindre les troupes espagnoles
en
méditérannée :
" La présente n'a d'autre
motif que de vous faire connaître que pour des raisons
survenues
depuis l'expédition de notre missive du 8 de ce mois, la
teneur
de celle-ci doit, forcément rester sans vous y
référer, vous vous régliez sur nos
ordres et
instructions précédents. Postscriptum : C'est
notre
sentiment et désir que vous continuiez votre voyage au plus
vite
sans attendre la personne en question mentionnée dans la
résolution de Leurs Hautes Puissances du 16 de ce mois
» 23-f
Le 27 juin 1974, soit un an auparavant, la marine
hollandaise avait tenté de prendre contact avec des bretons
à Belle-Ile. Mais les habitants
ont refusé de
rencontrer les hollandais. Ils ont de plus affirmé leur
loyauté
au roi
23. Selon Dr Th. Chotzen
23
p106 cet événement dissuade
dès le départ l'amiral De Ruyter d'aider le Chef
des
révoltés Le Balp. De plus, il
préfère
se rendre en Sicile sans faire d'arrêt
(23 p130)
notamment parce
que le voyage était beaucoup ralentit par 22 navires
marchands qui s'étaient joints à la
flotte.
Collection De Ruyler, n° 39,
23-h.
Lettre de De
Ruyter répond à Fagel le 10 août
"[..]pas moins
de 22 navires marchands se sont joints à ses vaisseaux de
guerre, lesquels, étant à destination des Indes
Occidentales et du Détroit [de Gibraltar] doivent
être convoyés et ainsi nous empêcheront
entièrement de rendre aucun service, d'autre part parce
qu'on ne saurait assigner sous la côte
mentionnée de Bretagne un rendez-vous convenable comme
(à la différence du Golfe de Gascogne) on n'y
trouve pas de bon mouillage."
Le Huguenot Jacques
Basnage, qui s'est mêlé de politique hollandaise,
a eu vent du dessein de Bretagne en 1675. Voici ce qu'il
écrit à ce
sujet :
« Enfin on
avait dessein de porter la terreur sur les côtes de France.
C'est pourquoy on fit une diligence extrême pour armer une
escadre de dix-sept vaisseaux sous le Vice-Amiral de Haan, pendant que
Ruiter, qui avoit le commandement général,
hâtoit celle de la Meuse. Malgré cette diligence,
on ne put être en état de sortir qu'au mois
d'août. On fut alors obligé de changer les projets
qu'on avoit faits, et d'envoyer une grande partie de cette Flotte
à Messine au secours des Espagnols »34
Là
aussi, la planification d'une aide "urgente" en
méditérannée en même temps
que le convoyage de 22 navires marchands très lents semblent
avoir rendu impossible tout arrêt en Bretagne.
D'autres
éléments ont pu influencer la décision
finale du Prince Guillaume
III :
- La concentration de troupes françaises dans les
ports bretons et dans la province, connue dès le 8
août dans les gazettes, l'avait-elle
convaincu de l'inopportunité de toute action dans la
région de Quimperlé?
22-c.
- Le promoteur de l'entreprise, l'ambassadeur Heemskerck,
s'était absenté de l'entourage de Guillaume
III
lorsque celui-ci liquida sa politique bretonne.
- Mais surtout, l'ingénieur Thomas
Poulet, qui devait
prendre contact avec les révoltés, n'est pas
monté dans un navire en partance, malgré les
demandes répétées du
Stadhouder Guillaume
III pour que la flotte l'attente entre le 8 et 19
août. Le 19 août il écrit à l'amiral de la flotte
De Ruyter
"C'est notre sentiment et désir que vous
continuiez votre voyage au plus vite sans attendre la personne en
question mentionnée dans la résolution de Leurs
Hautes Puissances du 16 de ce mois"23 p130